lundi 13 juin 2011

Réseaux sociaux : une autre vie numérique est possible

Plus de 400 millions d'inscrits sur Facebook : un réseau social qui entend désormais embrasser le Web tout entier, en offrant la possibilité à ses membres de devenir fan de certaines pages et d'en faire ainsi apparaître le contenu sur leur profil... Le groupe de Mark Zuckerberg a-t-il définitivement assuré sa mainmise sur les réseaux sociaux ?

Tel n'est pas l'avis de Timothée Jaussoin, l'un des fondateurs du projet Movim (pour "My Open Virtual Identity Manager"), qui veut "développer un réseau social libre et décentralisé". "Movim est libre parce qu'il se base uniquement sur des technologies libres [dont l'utilisation, la modification et la diffusion sont autorisées sans contrepartie], et décentralisé puisque l'intérêt est de ne pas grouper les informations des utilisateurs sur nos serveurs", précise le développeur.
Pensé dans son interface comme une synthèse des plates-formes les plus populaires, Movim est présenté comme un "Facebook additionné à un Flickr, Google Documents, Google Reader, Dailymotion, etc.". Contrairement à Facebook, qui suscite régulièrement des polémiques sur la protection des données privées des utilisateurs, contenues sur les serveurs du groupe, les concepteurs de Movim prônent la transparence. "Vos données resteront chez vous ou sur un serveur de confiance", assure le concepteur. Plusieurs dizaines de contributeurs participent au projet, et une version de test devrait être disponible pour la fin de l'année.
Cette décentralisation permet aussi d'éviter la surenchère de serveurs nécessaires au bon fonctionnement des plates-formes sociales, toujours plus gourmandes, et d'éviter d'avoir à lever des fonds auprès des investisseurs. "Même si je pense qu'à terme nous ferons des appels aux dons pour financer nos activités et amortir les coûts des serveurs, ils seront bien moindres que si nous avions adopté une démarche de centralisation", note M. Jaussoin. A condition de disposer d'une masse critique d'utilisateurs...
MESSAGERIES INSTANTANÉES "LIBRES"
Facebook n'est d'ailleurs pas le réseau social seul à avoir un concurrent "ouvert". Un flux de micromessages de 140 signes réactualisés en temps réel et un système d'abonnements à des profils : Identi.ca, lancé en juillet 2008, fait certes moins de buzz que Twitter, mais propose des fonctionnalités similaires, avec l'avantage d'un système open source. Autre particularité : les messages publiés par les utilisateurs d'Identi.ca sont régis par défaut par la licence Creative commons, qui autorise notamment la rediffusion de contenus. D'autres plates-formes sociales libres sont aussi déjà en place, telles que Elgg, qui respecte la licence publique générale (GPL) ou Noserub, alors que le site Diaspora devrait se lancer en septembre.
Mais c'est surtout dans le domaine de la messagerie instantanée que les logiciels open source peuvent concurrencer les logiciels propriétaires de manière plus frontale. Même si elles sont encore peu connues, contrairement à Live Messenger de Microsoft et ses 310 millions d'inscrits, les nombreuses messageries instantanées, qui utilisent le protocole ouvert XMPP, disposent d'un potentiel de croissance non négligeable. "Pour ce réseau, il est impossible de calculer précisément le nombre actuel de participants, du fait de sa distribution mondiale et de son indépendance", souligne Valérian Saliou, développeur de la messagerie "libre" Jappix.
Leur principal atout est de rendre possible l'interconnexion des principaux services, incluant notamment Google, et les messageries de Yahoo! et de Facebook. "Si l'on veut que le réseau XMPP atteigne les volumes de la messagerie de Microsoft, il va falloir faire de nombreuses campagnes de communication auprès du grand public, et je pense que, malheureusement, les premiers à le faire seront de grosses sociétés telles que Google et son Google Talk, ne recherchant rien d'autre que le profit", déplore Valérian Saliou.
Les réseaux sociaux ouverts peuvent enfin espérer profiter des évolutions des systèmes d'exploitation open source, qui cherchent directement à intégrer les mises à jour des plates-formes sociales. C'est le cas, par exemple, de la dernière version d'Ubuntu, Lucid Lynx, sorti fin avril, qui propose, avec son "Me Menu", une connexion par défaut aux principaux réseaux sociaux et messageries instantanées. "Les réseaux sociaux font partie intégrante d'Internet, qui se doit de se baser sur des technologies libres comme elle l'a toujours fait. L'open source possède les moyens (techniques, humains) qu'il faut pour proposer ce genre de chose", assure Timothée Jaussoin.

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